Jeff Speakman : Ceinture
noire 9ème Dan (!!) de Kenpo et bonne gueule qui passe bien à l'écran, Speakman
a déjà 2 films à son actif : L'ARME PARFAITE (production Paramount qui voulait
leur « Jean-Claude Van Damme ») et SUR LA DEFENSIVE (prod Cannon douloureuse).
Pas forcément des gros succès, mais les films cartonnent assez en vidéo pour
lui confier le rôle-titre de THE EXPERT. Au fil des réécritures, Les
mercenaires sont donc remplacés par un seul homme, à savoir John Lomax,
instructeur d'une section spéciale anti-gang, qui va tenter de rentrer coûte
que coûte dans la prison ou se trouve l'assassin de sa sœur. William Lustig
pose donc ses caméras à Nashville mais la suite des événements ne va pas aller
dans son sens.
En effet, celui-ci doit
composer avec un acteur « star » qui refuse de faire quoi de ce soit qui serait
à l'encontre de son image zen, quand bien même son personnage pratique la
justice expéditive. Speakman réécrit donc ses dialogues et des scènes entières
dans le dos de Bill.
Et bien qu'entouré d'une
équipe rodée à ce type d'exercice (dont Spiro Razatos, véritable légende de la
profession, à qui l'on doit les cascades de près de 200 films et la réalisation
du très fun CLASS OF 2001), le film est sous budgeté (on parle de 3 millions de
dollars). Excédé par le comportement ingérable de sa star, William Lustig
quitte le tournage laissant Jeff Speakman seul aux manettes. Il s'adjoint les
services de Rick Avery pour finir le métrage. Responsable des cascades, Avery
met en boite toutes les scènes de bastons et l'intégralité de ce qui se passe
en prison. Prévu à l'origine pour Rip Torn, le rôle du directeur du pénitencier
échoit à James Brolin (AMITYVILLE, MONDWEST). Tournant dans un laps de temps
limité, l'acteur n'aura aucune scène en commun avec Speakman. Prévu à l'origine
pour une sortie cinéma, THE EXPERT échouera donc en vidéo.
Mais que reste t’il du
film en l'état ? Malgré ses défauts évidents (on peut facilement repérer les
plans, amples et généreux, de Lustig et ceux, étriqués et filmés en gros plan,
d'Avery), le film reste un très bon vigilante, impeccablement scopé par Lustig
et magnifiquement éclairés par Levie Isaacks (MUTRONICS, LEPRECHAUN, BAD
COMPANY), émaillés d'éclairs de violence personnifiés par le psychopathe Martin
Kagan (inspiré par le véritable tueur Scott Panetti) et de bonnes bastons dû à
l'expertise de Speakman. Bref, une série b solide et injustement oublié.
Car pour voir THE EXPERT
dans de bonnes conditions, il faudra vous tourner vers la VHS Française chez
Metropolitan qui propose le film dans son format d'origine 2.35 (un dvd UK est
dispo dans une copie dégueulasse recadrée en plein écran !) ou, au mieux, le
laserdisc US sorti chez Orion.
Les carrières de William
Lustig et Jeff Speakman ne s'en remettrons pas. Après un UNCLE SAM décevant,
Big Bill arrêtera sa carrière de réalisateur pour devenir producteur de
documentaires sur des réalisateurs de cinéma bis avant de créer sa propre boite
d'éditions vidéos bien prisée par les amateurs du genre comme nous (BLUE
UNDERGROUND).
Jeff Speakman sombrera dans
les DTV allant du B sympa (SANS ALTERNATIVE) au Z honteux (MISSION SCORPIO
ONE). Il stoppera sa carrière d'acteur et ouvrira son école de Kenpo. Sans pour
autant dénigrer son passé, car ses affiches de film trônent fièrement sur les
murs de son dojo.
By Snake.
Super article bien sympa avec plein d'anecdotes comme ont les aimes.
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